Le gouvernement fédéral entend réformer la fiscalité des voitures de société afin de répondre favorablement aux accords climatiques. Pour verdir le parc automobile, seuls les véhicules électriques seront déductibles fiscalement dès 2026. Mais, la Belgique pourra-t-elle faire face au virage électrique?
Actuellement, le prix d’une voiture électrique reste supérieur à celui d’une motorisation thermique. Cependant, cet écart se réduit sous l’effet de la présence grandissante de l’électrique et d’avantages fiscaux attrayants. Selon Christophe Dubon de la Febiac, « Au premier trimestre 2021, 27% des nouvelles immatriculations de voitures de société concernaient des véhicules hybrides ou électriques ».
Coût d’une voiture électrique
Pour un modèle identique, le marché actuel offre peu de leasings de véhicules hybrides et électriques au même prix que ceux des moteurs thermiques. Le coût mensuel net (TCO) reste très fluctuant selon le modèle et l’usage. Par contre, le véhicule électrique présente plusieurs avantages. Les recharges et les entretiens sont moins onéreux. La fiscalité belge accorde une déductibilité complète.
Sébastien Légat, directeur de la mobilité électrique chez Luminus, nous expose ce comparatif : « Si l’on compare une voiture diesel qui consomme 6L/100km, avec 1,4 euro le litre de diesel, cela fait 8,4 euros/100km. Pour une électrique qui consomme 20kWh/100km, en la rechargeant à la maison, c’est-à-dire au tarif de 20-25 cents/kWh, cela fait 5 euros/100km ». A quoi, il ajoute : « Par rapport à un moteur thermique, on estime qu’on réalise une économie allant de 40 à 60% si l’on charge à la maison. En chargeant au bureau, où le prix de l’électricité est moins élevé, cette économie varie entre 70 et 80%. Et sur une borne publique, où les prix sont plus variables, l’économie va de 40 à plus de 70%. » Il conclut par un élément important : « Il n’y a pas d’entretien du moteur, uniquement de la mécanique », rappelle le spécialiste.
Augmenter l’offre de recharge
Toujours d’après Sébastien Légat, « 70% du temps, les utilisateurs rechargent le véhicule à la maison, 20% du temps au boulot et 10% sur la route, donc sur des bornes publiques ».
Selon les spécialistes, il est crucial d’augmenter rapidement l’offre de bornes de recharge. « Il y en a à peine 8.500 en Belgique », regrette Vincent Vanden Bossche.
Pour 2025, la Wallonie vise l’installation de 7000 bornes de recharge supplémentaires. De son côté, la Flandre en prévoit 30000 de plus sur la même période. Selon Alain Maron (actuel Ministre bruxellois de l’Environnement), l’ajout de 11000 bornes satisferait la demande d’ici à 2035.
Alternative à la carte carburant
A l’avenir, la carte de recharge remplacera la carte carburant. Elle vous donnera accès à l’ensemble des bornes publiques.
Il existe deux méthodes d’indemnisation. Soit l’employeur paye la facture au partenaire, soit il octroie une compensation à son employé.
A domicile
A domicile, mieux vaut opter pour une borne intelligente qui adapte sa vitesse de charge à votre consommation électrique du moment et évite ainsi le court-circuit. De plus, elle peut être raccordée à vos panneaux photovoltaïques. Selon Piet Cortier , « Ces bornes sont nécessaires en termes de sécurité, pour la communication, les data, mais aussi pour le dynamisme des prix (heures pleines, creuses, etc.) », précise-t-il. Selon Nicolas Paris, « Techniquement, tout est déjà en place. Il faut juste savoir quelles sont les règles du jeu, notamment si tout le monde se branche à la même heure pour recharger, pour s’y adapter et les implémenter. »
Désormais, les nouvelles constructions et les rénovations lourdes doivent être munies de gainages et d’espaces dédiés aux bornes de recharge. Depuis le 11 mars 2021, la Région flamande impose la borne aux nouvelles constructions.
Longs trajets
La faible autonomie kilométrique des véhicules électriques actuels explique en partie la réticence du public envers ce type de motorisation. Sébastien Légat estime que partir en vacances avec son véhicule électrique est tout à fait envisageable. « Cela nécessite de s’organiser un peu plus, de planifier son itinéraire et les arrêts selon les stations de bornes de recharge. Il est tout à fait possible de recharger sa voiture en cours de route, sur les bornes publiques, qui sont au nombre de 200000 en Europe désormais. Tout dépend également de l’autonomie de votre batterie, de sa capacité en kWh (60-70, voire 90 kWh sur modèles de luxe) et de votre consommation. La consommation moyenne s’élève à 20 kWh/100km. Donc, pour une batterie de 100 kWh, vous avez 500 km d’autonomie », détaille-t-il.